Pourquoi la presse soutient-elle les écoles Steiner-Waldorf ?

Depuis bien longtemps, la presse française fait preuve envers les écoles Steiner-Waldorf ou les autres émanations de l’Anthroposophie d’une complaisanse confondante. On peut penser, par exemple, à la manière dont, en 2000, des journaux comme Libération, Le Monde, ou d’autres, ont pris la défense de ces écoles au moment où les pouvoirs publics avaient failli prendre les responsabilités qui étaient les leurs à ce sujet. On peut aussi penser à la manière dont, encore dernièrement, Le Monde, Canal +, Rue 89, se sont commis dans des soi-disants reportages sur les écoles Steiner-Waldorf où le parti-pris de sympathie originel était tellement flagrant qu’il aurait dû faire honte à l’ensemble de la profession.

Comment expliquer un tel phénomène ? Certains pourraient soupçonner l’influence que des institutions financières anthroposophiques, comme WELEDA ou la NEF, seraient à même d’exercer. Pour ma part, je crois que l’explication est ailleurs.

En effet, dès la création de la première école Steiner-Waldorf en 1920, Rudolf Steiner expliquait à ses disciples que cette pédagogie était ce qui allait permettre à l’Anthroposophie de devenir un grand mouvement. Comment cela se produit-il ?

Les élites culturelles sont toujours à la recherche, pour leurs propres enfants, d’écoles à part. Cela, les anthroposophes l’ont bien compris. Et ils savent que l’offre est maigre dans ce domaine, ce qui leur ouvre un creneau où ils ont eu le flair de se placer les premiers. Qu’ils soient artistes, écrivains, journalistes, voire hommes politiques, cette classe de la population qui se sent elle-même différente aspire, pour ses enfants, à quelque chose de spécial. Étant eux-mêmes des individualités sortant de l’ordinaire, ils voudraient que leurs enfants bénéficient d’une éducation qui leur permette de devenir comme eux.

C’est ainsi qu’on trouve, dans les écoles Steiner-Waldorf, de nombreux enfants des personnalités médiatiques, du show-biz, de la presse, etc. J’ai moi-même effectuée ma scolarité dans une classe où se trouvait le fils du milliardaire Francis Lai (celui qui a composé les musiques d’Édith Piaf), tandis que ma soeur côtoyait dans la sienne le fils du journaliste Roger Gicquel. Quand j’étais enseignant Steiner-Waldorf, j’ai dispensé des cours à la progéniture du comique Lagaffe, de la metteuse en scène Irina Brook (la fille de Peter Brook), et d’autres personnalités très connues de la scène médiatique française. On peut dire que, dans pratiquement chaque classe d’une école Steiner-Waldorf, il y a ainsi bien souvent au moins un enfant de l’une des personnalités connues de cette sorte. Je pourrais compléter aisément cette liste. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les écoles Steiner-Waldorf peuvent se vanter, pour faire leur promotion, d’avoir eu dans leurs écoles des enfants qui sont devenus plus tard des stars ou de hauts personnages, comme Sandra Bullock, Jennifer Aniston, ou d’autres. Ce n’est en fait pas tant parce que ces écoles leur auraient permis, par l’enseignement qu’elles dispensent, de devenir ce qu’elles sont devenues, mais tout simplement parce que les enfants issus de ces milieux bénéficient eux-mêmes, comme on le sait bien, de facilités pour réussir dans les cercles professionnels de leurs parents.

Ensuite, par des stratégies progressives redoutablement efficaces, les parents eux-mêmes sont peu à peu happés dans un mouvement de sympathie inconditionnelle à l’égard de ces écoles. Certains se feront même endoctriner à l’Anthroposophie, comme je l’explique dans mon article paru sur le site de l’UNADFI. De plus, la porosité des élites culturelles et artistiques de notre temps envers tous les phénomènes de spiritualité, de pratiques de développement personnel ou autres choses de ce genre, flattant les egos et proches de l’Anthroposophie, contribue à abaisser grandement le niveau de méfiance qui devrait être le leur en tant que parents. C’est ainsi que ces élites deviennent les prosélytes des écoles Steiner-Waldorf, veillant simplement à ne pas se commettre trop ouvertement avec des institutions dont ils ne peuvent ignorer non plus la réputation sulfureuse.

Au fil du temps, de nombreuses personnalités médiatiques ont ainsi mis leurs enfants dans les écoles Steiner-Waldorf, faisant de même avec leur propre progéniture, créant un réseau de bouche à oreille très favorable dans ces cercles d’élites. C’est pourquoi la Fédération des écoles Steiner-Waldorf bénéficie aujourd’hui d’un carnet d’adresses aussi rempli : il lui suffit juste de l’entretenir avec suffisamment de diplomatie. Ensuite, le tour est joué dés lors qu’il est besoin de demander à tel ou tel directeur d’une rédaction de faire venir un journaliste qui aura pour mission de pondre un papier favorable, quitte à ne pas trop approfondir les aspects problématiques dont il aura peut-être eu connaissance au cours de l’enquête sommaire qu’il aura mené. Enquête qui se résume bien souvent à compiler et synthétiser les données que lui a fourni la Fédération des écoles Steiner-Waldorf, et à interroger les « témoins » qu’elle lui aura présentés. En effet, quel que soit le sérieux du journaliste, celui-ci sait qu’il n’a pas la latitude de s’écarter de la ligne directrice que lui a donné son rédacteur-en-chef.

Mais peut-on alors encore parler de journalisme au sens noble du terme et surtout d’éthique, sachant que chacun de ces articles ou de ces reportages contribueront à ce que des enfants soient envoyés dans des écoles où ils subiront une forme insidieuse d’endoctrinement à l’Anthroposophie, cette religion obscurantiste du New-Age ?

A propos gperra

Professeur de Philosophie
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2 commentaires pour Pourquoi la presse soutient-elle les écoles Steiner-Waldorf ?

  1. Helen dit :

    A reblogué ceci sur Stop Steiner in Stroudet a ajouté:
    A recent post by Gregoire Perra on a reason why the press in France is so supportive of Steiner education.
    I provide a rough translation in a comment below.

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