La cérémonie anthroposophique de la « Spirale de l’Avent » dans un Jardin d’enfants Steiner-Waldorf

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Dans un précédent article, j’ai décrit comment se passe la « fête » de la « Spirale de l’Avent » dans une école Steiner-Waldorf, et les présupposés ésotériques anthroposophiques qui sous-tendent cette tradition scolaire. Cependant, cette « fête » se déroule également au « Jardin d’enfants ». Elle marque donc les élèves de ces écoles durablement, puisque ceux-ci seront amenés à la vivre pendant près de 15 années consécutives, s’ils ont fait l’intégralité de leur parcours scolaire dans une école Steiner-Waldorf.

Pourtant, les « pédagogues » de ces écoles sont très avares d’explications envers les parents qui posent légitimement des questions au sujet de ce drôle de rituel. En effet, le jour en question, lorsque les parents amènent leurs enfants à l’école, ils arrivent devant le Jardin d’enfant et découvrent que toutes les fenêtres ont été recouvertes de tissus ou de papier noir, afin de créer une obscurité totale à l’intérieur du bâtiment. Ce jour là, ils n’ont pas le droit d’entrer, ni même de regarder à l’intérieur de la salle ce qui y est disposé. C’est un mystère ! Pour les enfants du Jardin d’enfant, devoir quitter leurs parents et entrer dans un lieu plongé dans l’obscurité est très impressionnant ! Certains ne veulent pas y aller, d’autres se mettent à pleurer. Quand les parents essayent de mettre un pied à l’intérieur pour accompagner leur enfant intimidé, ils seront vite reconduits vers la sortie par la jardinière. Le soir après l’école, les enfants repartiront à la maison avec une pomme au centre de laquelle est plantée une bougie. Il s’agit de la bougie qu’il seront allés eux-même allumer en suivant le parcours initiatique de la spirale tracée à même le sol, ainsi que je le décris dans mon précédent article. Mais ces enfants seront pour la plupart incapables d’expliquer à leurs parents ce qui s’est passé lors de cette cérémonie.

Les parents ne sont donc pas autorisés à connaître par eux-mêmes ce qui se passe avec leurs enfants, ni la disposition ni le déroulement réel de ce culte. En réunion de parents, lorsque des questions surgissent, les jardinières de ces écoles leur expliquent qu’il y a une spirale, faite de branches de sapin au centre de la pièce et que chaque enfant aura entre ses mains une pomme avec plantée au centre une bougie. Avec cette dernière, ajoutent-t-elles, l’enfant parcourt la spirale dans un sens, puis dans l’autre. Elles précisent que c’est une manière de faire ressentir à l’enfant l’ambiance de la saison hivernale. Elles ajoutent qu’il s’agit pour ce dernier d’aller chercher la lumière « au centre ». Elles feront comprendre (souvent sous forme allusive et par certains gestes) que ce « centre » signifie autant le centre de la spirale que le centre de soi-même. Mais, si d’autres questions surviennent, aucune autre explication ne sera fournie ! Dans un style rhétorique bien rôdé propre à ces écoles, il sera répondu aux parents insistants que c’est « le vécu de l’enfant » et « qu’il faut le respecter en ne posant pas plus de questions ». Ou encore que « c’est leur fête » et que « cela appartient à l’enfant ». Ainsi, au sujet de ce rituel de la « Spirale de l’Avent » au Jardin d’enfants Steiner-Waldorf, les parents doivent se contenter de ce que leur enfant voudra bien raconter. S’il ne dit rien – ou presque rien – et que les parents s’en inquiètent auprès de la jardinière, il leur sera systématiquement répondu « qu’il faut respecter son jardin secret », ne pas toucher à « sa vie à l’école ».

Je pense par ailleurs fort probable que ce type de discours sera également tenu en interne auprès des enfants. On leur fera comprendre que ce qu’ils ont vécu au cours de cette matinée très spéciale « leur appartient » et « qu’il n’ont à en parler à personne s’ils ne le souhaitent pas », et qu’il y a des choses qu’il vaut mieux « garder au fond de son cœur que de crier sur les toits », etc. Ce genre d’argumentaire est particulièrement pernicieux. En effet, il invite efficacement les enfants à garder dissimulés des pans entiers de leur vécu au sein de l’école, à ne pas en parler à leurs parents. Un pli psychique est ainsi pris, qui permettra plus tard aux pédagogues de ces écoles de compter sur le silence des enfants en ce qui concerne certains aspects problématiques de leur scolarité, notamment tous ceux qui pourraient révéler un endoctrinement à l’Anthroposophie, ou des fraudes, ainsi que je l’ai décrit dans mon article paru sur le site de l’UNADFI. La pédagogie Steiner-Waldorf a ainsi trouvé le moyen de laisser le moins de traces possibles. Aucune trace écrite bien sûr, car aucun compte-rendu ne sera fait de ces moments particuliers, qui ne sont pas de ceux qu’on évoque ni qu’on montre à des inspecteurs. Mais également aucune trace mnésique dans le psychisme même des enfants ! En effet, par certains discours qui leur sont tenus, par le caractère impressionnant du cérémoniel, par son incongruité même, par la non-verbalisation de ce qui s’est passé et l’invitation à ne pas procéder à cette verbalisation, les enfants sont en effet conduits à ne pas se rappeler eux-mêmes de ce qu’ils ont vécu !

Quel est le but véritable de cette mystérieuse cérémonie cultuelle anthroposophique de la « Spirale de l’Avent », notamment au Jardin d’enfants ? Il ne s’agit pas d’une fête, mais d’un culte. Ce culte est destiné à provoquer la rencontre avec le « Christ cosmique » des anthroposophes. Examinons comment ce culte est organisé :

Il s’agit tout d’abord de faire ressentir aux enfants les « Forces de l’Obscurité liées à l’Hiver ».  En effet, pour les anthroposophes, la luminosité ambiante et les saisons ne sont pas seulement des phénomènes physiques et astronomiques : des forces spirituelles y sont à l’œuvre, que le psychisme humain a la capacité de pressentir par le biais d’un organe de perception spirituel latent lié au cœur, le « Chakra du cœur » (Lire à ce sujet l’Initiation de Rudolf Steiner). Pour faire en sorte que les enfants éveillent cet « organe de perception spirituelle », il s’agira en premier lieu de les plonger sensoriellement  dans l’obscurité, afin que les « forces » liées à celle-ci puissent les imprégner.  Ainsi, le matin du premier jour de l’Avent, au Jardin d’enfant et dans toutes les classes d’une école Steiner-Waldorf, on accueille les élèves sans allumer les lumières, ou seulement le moins possible. Les professeurs ont volontiers recours aux bougies ou aux lampes de sel. Tout est fait pour que l’enfant sente dans la classe ce qui se passe au dehors, dans la Nature, où il fait encore nuit à 8h30 du matin. Dans le Jardin d’enfants, on restera ainsi dans la pénombre toute la journée ! Pour justifier cet acte, on dira simplement aux enfants qu’on n’allume pas la lumière car on est en hiver. Pour les classes – travail scolaire oblige à un moment donné – il faudra bien allumer les lumières au bout d’un temps variant d’une demi-heure à une heure. Précisons que ce « rituel de l’obscurité » est pratiqué non seulement le jour de la « Spirale de l’Avent » mais également chaque jour pendant tout l’hiver : le matin, les classes sont souvent dans la pénombre.

La « lumière » au centre de la Spirale représente le « Moi », autour duquel gravitent les forces du « corps astral » et du « corps étherique », ainsi que Rudolf Steiner le décrit dans ses ouvrages ésotériques, comme la Science de l’Occulte. Dans le dispositif symbolique de la « Spirale de l’Avent », la grande bougie placée au centre de la Spirale représente plus précisément l’archétype du « Moi », le Christ cosmique, où les âmes humaines sont invitées à allumer leurs propres petits « moi », par un acte de communion sacramentel avec cette divinité. Ainsi, l’enfant qui va allumer sa petite bougie au contact de la flamme qui est au centre de la spirale est en fait impliqué dans un rituel dont le but est de provoquer une rencontre avec l’être suprasensible du « Christ cosmique » qui, selon l’Anthroposophie, est l’archétype primordial des « moi humains ». Le fait que la bougie de chaque enfant soit plantée dans une pomme (qui veut évoquer la « Chute » biblique) est une manière de symboliser le fait que le « moi humain » est entaché par la Faute originelle liée à l’action des entités lucifériennes. Ces entités font partie de la cosmologie des anthroposophes, qui ne font ici qu’emprunter et récupérer un terme biblique. Ce sont d’ailleurs ces entités suprasensibles du Mal qui, pour les anthroposophes, sont à l’œuvre derrière le phénomène physique de l’obscurité de la saison hivernale. Ainsi, le moi humain chargé de la Faute luciférienne doit-il, pour son Salut, aller allumer l’étincelle divine qui est en lui en allant chercher, au centre de lui-même, la présence du Christ cosmique. Voilà le véritable sens de cette cérémonie de la Spirale de l’Avent dans les écoles Steiner-Waldorf ! Il aurait cependant été de la plus élémentaire déontologie d’informer les parents des arrières-plans ésotériques d’un dispositif religieux auquel on fait participer leurs enfants !

Quand aux parents qui croient à cette cosmologie et à l’efficacité de cette cérémonie de la « Spirale de l’Avent », qu’ils se demandent donc quelle genre d’entité peut bien être convoquée à l’aide de ce rituel s’apparentant à de la magie, dans une salle obscure où certains enfants ont peur de se rendre, alors que la liberté de choix des parents et de conscience des élèves n’ont pas été respectés ! Ce ne sera peut-être pas le « bon esprit » du Christ cosmique qu’ils croient vénérer ! En effet, ils devraient davantage réfléchir au fait que, s’il existe un Esprit de la pédagogie Steiner-Waldorf, celui-ci semble vouloir s’incarner dans des conditions particulièrement troubles. Qui est réellement invoqué dans les écoles Steiner-Waldorf au cours de cette matinée qui suit la Kermesse de Noël, au tout début du mois de décembre ? Qui appellent vraiment ces prétendus pédagogues, membres de la Section Pédagogique de l’École de Science de l’Esprit de la Société Anthroposophique ? Quel être fait-on ainsi vénérer à ces enfants, au cœur des ténèbres ? Quelle couleur est celle d’une magie qui ne respecte pas la liberté des consciences, sinon le noir ? Quel sorte d’esprit préfère ainsi l’obscurité à la lumière et la dissimulation à la vérité ? Qui est cette mystérieuse divinité dont ceux qui savent vraiment quelque chose à son sujet veulent dire si peu, dont le symbole est la spirale, ou plus exactement le tourbillon, tracé chaque année à la même période sur le sol des salles de classe des écoles Steiner-Waldorf, partout dans le monde, comme une sorte de mandala répugnant, dont les branches en forme de tentacules étendent leur emprise psychique sur un nombre croissant d’individus ?

Sapin sec, bougies, tissus et voilages, parquet boisé, présence d’enfants… sans vouloir préjuger d’une décision qui appartient aux instances chargées de la sécurité dans les établissements scolaires, je doute fortement qu’une telle cérémonie serait autorisée en l’état si des inspecteurs en avaient connaissance et y assistaient.

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Professeur de Philosophie
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